« Il souffrit sa passion et fut mis au tombeau. »

 

Le mot « passion » pour désigner le supplice et toute la souffrance du Christ est la traduction directe du verbe latin « patior » qui signifie « souffrir », et n'a rien à voir avec le sentiment, même si nous savons qu'elle fut acceptée et vécue par amour.

 

Pour prendre la mesure de la douleur physique qui fut la sienne, il faut se reporter au suaire de Turin qui, indépendamment de son authenticité, reflète avec précision la cruauté avec laquelle on s'acharnait sur un condamné au supplice des esclaves qu'était la croix.
Mais cette douleur n'est qu'une part de l'immense souffrance qui fut celle du Christ, unique et démesurée à proportion de l'amour qui la soutenait, et qui fait de Jésus-Christ, en toute vérité, l'« l'Homme des douleurs ».

 

Si aujourd'hui une personne veut exprimer un doute sur le mystère du salut, c'est en révoquant l'idée que le Christ ait pu vraiment ressusciter. Dans les premières années du christianisme où on gardait vivante la trace de l'enseignement du Christ au lendemain de sa résurrection, si des questions devaient s'élever, c'était sur le fait qu'il soit réellement mort. Voilà pourquoi la mise au tombeau a été pour les Pères du concile de Nicée une façon d'exprimer la réalité de cette mort que le Christ a concrètement connue et partagée avec nous. Jésus l'avait annoncé : « A cette génération, il ne sera pas donné d'autre signe que celui de Jonas : comme Jonas est resté trois jours dans le ventre du monstre marin, ainsi le Fils de l'Homme restera-il au cœur de la terre », trois jours à la manière juive de compter : vendredi soir et samedi, jusqu'à l'aube du dimanche (en fait le lever de la première étoile de la nuit).

 

Le symbole des Apôtres exprime à sa façon la rencontre que le Christ, dans la mort, fait avec ceux qui en étaient déjà la proie : « il descendit aux enfers », c'est-à-dire le séjour des morts et non pas l'« Enfer » qui est précisément l'absence et le refus de Dieu. La liturgie et les artistes ont même figuré ce face à face du Vivant avec les morts par la rencontre imagée entre le Christ et Adam qu'il vient comme tirer du sommeil par son bras vigoureux et auquel il apporte en priorité l'Evangile du Salut ainsi qu'à tous ceux qui avaient vécu dans son attente.