Encore une fois, les prêtres du doyenné ont échangé cette semaine sur la façon dont étaient vécues la mort et le deuil. Car oui, pour un chrétien, la mort doit être vécue. La mort chrétienne est belle. Elle commence par le fait de la regarder en face et de la voir venir. Les litanies font demander au fidèle d’être délivré « de la mort imprévue », contrairement à l’opinion populaire qui parle de belle mort quand elle est inopinée. Elle demande ensuite à être accueillie et sanctifiée par le sacrement des malades qui n’est pas le geste magique d’une « extrême onction » à un moribond plus ou moins inconscient, mais le don de la grâce spécifique qui précède la Rencontre. Il est criminel de vouloir « épargner » le malade en lui cachant la réalité et plus encore en ne lui facilitant pas l’accès à ce sacrement institué par Dieu lui-même.

Les vivants doivent aux défunts le respect nécessaire qui se traduit par le soin du corps et la prière fervente personnelle ou communautaire. Une des étapes est bien sûr la célébration à l’église, mais elle n’est pas la seule. Cette cérémonie des obsèques est tout sauf un « hommage » au défunt, contrairement à l’expression répandue par les journalistes, mais une prière ardente de l’Eglise pour le salut de l’âme de la personne concernée (encore faut-il croire qu’il ne s’agit pas d’une formalité…). Le mode de sépulture n’est pas anodin non plus. L’Eglise a toujours dit sa préférence pour l’inhumation. Par la voix de sa plus haute autorité elle a rappelé l’année dernière comment la crémation à laquelle on peut se résoudre dans certains cas ne peut être favorisée ; elle constitue une violence inouïe faite au corps qui en quelques heures fait passer un être humain au rang de poudre dont l’ADN lui-même est effacé. Que signifie vraiment cet empressement à vouloir gommer en si peu de temps une existence ? Le vertueux prétexte de soulager les héritiers du soin d’une tombe est fallacieux : tout le monde sait bien que les tombes comme les corps qui y sont inhumés disparaissent progressivement elles aussi. Mais le corps n’aura pas été brûlé puis broyé avec une technique brutale pour alimenter, qui plus est, un processus commercial qui impose des cadences industrielles (les curés en savent quelque chose !). En tout état de cause l’Eglise exige pour ses fidèles que ce qui reste du corps soit déposé en un lieu précis et non dispersé, suggérant une sorte de retour à une communion de la nature diamétralement opposé à la foi chrétienne qui proclame l’unicité de tout être vivant promis à l’immortalité jusque dans sa corporéité.