évêque de Bayonne, Lescar, Oloron,
ancien vicaire général du diocèse de Fréjus Toulon

Par rapport aux précautions recommandées par la Conférence des Évêques de France et que nous avons publiées la semaine dernière sur le site du diocèse de Bayonne, je voudrais apporter quelques précisions.

Sans doute ces mesures préventives sont-elles justifiées, tant l’évolution de la situation sanitaire semble difficile à maîtriser, en particulier pour les personnes les plus vulnérables. Outre les gestes préventifs dont chacun doit avoir le réflexe – comme se laver soigneusement les mains et limiter les contacts physiques rapprochés –, on a recommandé d’être attentif au geste de la communion eucharistique. Si la communion dans la main est moins risquée que la communion sur la langue, comme l’affirment tous les spécialistes, le virus s’attaquant principalement au système respiratoire, il me semble toutefois que l’essentiel sera d’éviter le contact des mains du ministre de la communion avec la langue ou la main des fidèles. Et si l’on craint sérieusement d’être contaminé, on se contentera d’une communion spirituelle.

 

Il ne s’agit pas pour autant de céder à la panique collective entretenue par les informations qui nous sont transmises, heure après heure, par les autorités légitimes à travers les médias.

Il est manifeste, en effet, que l’apparition inattendue de ce nouveau virus, comme sa rapide diffusion, enfoncent un coin dans la prétention de l’homme moderne à résoudre tous les problèmes, en s’appuyant sur les seuls progrès indéniables de la science et de la technique, en particulier en matière de recherche médicale et de soins. Cette situation, dont il ne s’agit pas de minimiser les conséquences, parfois dramatiques, et pour lesquelles il convient de saluer le travail remarquable accompli par les autorités civiles et sanitaires, comme par les personnels soignants, rappelle aussi à nos contemporains la fragilité et la vulnérabilité de l’homme.

Aussi, pour nous chrétiens, il ne s’agirait pas d’en rester à des mesures seulement humaines, pour utiles qu’elles soient. Nous croyons en effet en un Dieu qui est Maître des temps et de l’histoire et qui n’abandonne pas son Peuple. Comme nos pères, nous aurons à cœur de puiser aux sources de la foi et de confier au Seigneur lui-même l’éradication de cette nouvelle épidémie qui sans être alarmante, du moins à l’heure où j’écris ces lignes, inquiète beaucoup de personnes et paralyse nombre de ressorts de la vie sociale et économique.

Loin de « déserter nos assemblées » (cf. He, 10, 25), nous ne manquerons pas de nous rassembler pour prier : veillées de prière, célébration de messes prévues par le Missel pour intentions et circonstances diverses, par exemple « Pour toute détresse ». Je laisse le soin aux pasteurs d’en discerner l’opportunité.

Rappelons-nous toujours, comme le psalmiste le chante à l’envi, en témoin privilégié de l’histoire du Peuple d’Israël qui se prolonge dans toute l’histoire de l’Église, que « Notre secours est dans le Nom du Seigneur qui a fait le Ciel et la terre » (Ps 123, 8).

+ Marc Aillet.

Évêque de Bayonne, Lescar et Oloron.

Le 6 mars 2020.