« Il est Dieu, né de Dieu, lumière née de la lumière, vrai Dieu, né du vrai Dieu »

 

Les Pères du concile de Nicée semblent avoir voulu insister sur l'identité commune du Fils et du Père : par trois fois le même terme est attribué à celui qui est engendré et à celui qui engendre.
Si l'esprit humain conçoit fort bien qu'à l'échelle humaine un fils est de même nature que son père, il attribue forcément au second le privilège de l'antériorité qui confère une autorité de l'un par rapport à l'autre. Or, en ce qui concerne la Trinité, il n'existe aucune antériorité d'une personne divine par rapport à une autre, ni aucune hiérarchie : l'unicité de Dieu implique que ce Dieu trinitaire existe de toute éternité dans ce rapport d'amour qui est son identité intime. La question qui se pose du sens de l'adjectif « né » sera explicité par l'article suivant. Mais ce qui importe, c'est de ne pas faire du Fils éternel une sorte de Dieu inférieur, de messager, de démiurge (cette sorte de créature « émanée du vrai Dieu » qui, au premier siècle, fonde le dualisme des gnostiques qui croient volontiers en deux puissances antagonistes).
Même dans son origine, le Fils ne peut être considéré comme subordonné au Père, il ne peut l'être non plus dans son activité, à la réserve du « dépôt de sa divinité » qu'il fait en s'incarnant, qui le conduira à se déclarer inférieur au Père (Jean XIV, 28) dans son humanité et dont l'anéantissement culminera dans la Passion et la Croix.
Le subordinatianisme (imaginer le Fils éternel subordonné au Père) conduira des théologiens hasardeux et, malheureusement aussi nombre de fidèles abusés, jusqu'à l'arianisme (Jésus n'est alors plus reconnu comme Dieu). Une gamme infinie de variations sur ce thème multipliera dans les premiers siècles les hérésies les plus audacieuses et, en faussant la perception juste de la pleine divinité du Christ, feront le lit de l'Islam qui s'emparera sans coup férir de régions entières ainsi gangrenées.
« Lumière, née de la lumière ». Par cette expression insolite, les Pères affirment que le Fils ou Verbe, étant vraiment Dieu, est aussi illuminateur, celui non seulement qui révèle, mais qui est la source de toute lumière : la Lumière, au même titre que son Père et que l'Esprit.