« Et la vie du monde à venir. Amen.»

 

Il est normal que le Credo s'achève par cet acte de foi et d'espérance qui soutient la marche de l'Eglise et de l'histoire vers son achèvement. Le chrétien n'est pas celui qui regarde en arrière en faisant mémoire du passé, mais celui qui est déjà le témoin du « monde à venir ». Que sera-t-il ? Il sera inauguré par le retour glorieux et définitif du Christ. Le jugement dernier qu'il présidera (Mt XXV 31-46) mettra en lumière le choix ou le refus de chacun face à Celui qui est : c'est ce qu'on appelle le « Paradis » et l' « Enfer », expression de l'amour de Dieu qui respecte la liberté de ses enfants. Sans cela, l'existence de l'homme ne serait qu'une farce et l'être humain lui-même, un pantin entre les mains du grand marionnettiste. A quoi bon satisfaire encore là notre curiosité puisque nos capacités présentes sont inaptes à cerner une réalité qui les dépasse, y compris dans sa dimension inassimilable d'éternité ? Tout au plus, devons-nous nous contenter des paraboles que le Christ multiplie pour nous enseigner et nous avertir ; évoquant les victimes innocentes de la violence des hommes ou des accidents de la nature, il affirme : « Pensez-vous qu'ils étaient de plus grands pécheurs que tous les autres, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. Pensez-vous que ces personnes étaient plus coupables que tous les autres ? Eh bien non, je vous le dis ; et si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière » (Lc XIII 2-5). Qui sommes-nous pour imposer à Dieu, au nom d'une bonté falsifiée ou d'une conception corrompue de la justice, l'obligation de ne tenir aucun compte de notre propre vie et de refuser ce jugement ? Depuis des siècles, des hommes ont rêvé à un happy end illustré par un célèbre refrain « on ira tous au paradis », coup de baguette magique propre à flatter notre médiocrité mais qui réduit à rien la liberté et la responsabilité des créatures. Depuis le deuxième concile de Constantinople l'Eglise a condamné pareille fantaisie que son appellation théologique technique d'«apocatastase» ne suffit pas à rendre crédible.
Cependant le dernier mot est bien à l'espérance pour tous ceux qui mettent leur foi en Jésus, Fils de Dieu, car il nous a sauvés ! Et cette espérance donne un sens tout particulier à notre présent, comme le note l'inclassable écrivain Erri De Luca : « Après le Christ, le temps s'est réduit à un entre-temps, à une parenthèse de veille entre sa mort et sa revenue. Après lui, plus personne n'est résident, nous sommes tous des hôtes en attente de visa. » Et c'est la foi, la foi reçue, la foi vécue qui nous l'a déjà accordé.
« Amen, viens Seigneur Jésus ! » (Ap XXII 20).

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