Tous les soirs, la famille Le Clercq avait l’habitude de prier ensemble au pied d’un crucifix en ivoire. Un moment marquant pour le jeune Nicolas. Il témoignera plus tard combien l’exemple de ses parents a fait grandir sa foi. Né en 1745 à Boulogne-sur-Mer, dans une fratrie de onze enfants, il est le seul à être scolarisé chez les Frères des écoles chrétiennes, une communauté d’éducateurs qui offre un enseignement gratuit grâce à des donateurs. C’est saint Jean-Baptiste de La Salle qui a eu l’intuition, novatrice pour l’époque, de la fonder en 1680. Élève timide et appliqué, Nicolas a pour objectif de travailler plus tard aux côtés de son père, négociant. Il s’inscrit à un cours sur le commerce et se rend ensuite à Paris pour se perfectionner lors d’un stage.
Un séjour qui va déstabiliser Nicolas. « Je ne suis pas fait pour vivre dans le monde ; la vue de tous les péchés qui s’y commettent trouble la sérénité de mon âme », confie-t-il dans une lettre. Il prend alors la décision, à 21 ans, d’entrer au noviciat des Frères des Écoles chrétiennes de Saint-Yon et revêt, quelques mois plus tard, l’habit noir des frères. Devenu Frère Salomon, il enchaîne les missions, dans divers établissements, comme enseignant, directeur de noviciat, économe et intendant. Cet homme efficace et humble, qui ne cherche à « plaire qu’à Dieu seul », comme il l’écrit, est appelé, en 1787, par le supérieur général des Frères des écoles chrétiennes, le Frère Agathon, à devenir son secrétaire général.
La Révolution française vient bouleverser leur quotidien. En 1790, l’Assemblée nationale adopte la Constitution civile du Clergé – qui instaure notamment un système d’élection des évêques et des curés par des assemblées locales – et impose un serment de fidélité « à la nation, à la loi et au roi ». Frère Salomon, comme la majorité des Frères des écoles chrétiennes, refuse de prêter serment et entre dans la clandestinité. En 1791, il est envoyé à Paris par le Frère Agathon. Malgré la période tourmentée, il ne perd pas l’espérance. Le 15 août 1792, il écrit à sa sœur que « les tribulations que nous éprouvons ici-bas sont passagères, et la récompense que nous espérons sera éternelle ». Le soir même, des révolutionnaires frappent à sa porte et l’emmènent à l’ancien couvent des Carmes, transformé en prison. Restant ferme dans ses convictions, il est assassiné, le 2 septembre, aux côtés d’une centaine de prêtres, religieux et laïcs.
Il est béatifié le 17 octobre 1926 et canonisé le 16 octobre 2016.