« Je crois en Dieu, le Père Tout-Puissant»

 

Non ! Notre Dieu n'est pas un Dieu faible et vaincu, il est bien le Tout-Puissant !
Des siècles de prédication pieuse ont parfois mis dans la tête des fidèles que la puissance était malsaine, alors qu'elle est tout simplement un des attributs essentiels de Dieu. Dieu ne répondrait plus à sa définition s'il n'avait sur toutes choses une puissance infinie et sans limites. Il me souvient d'un prêtre – vicaire épiscopal au demeurant ! - à qui cette réalité était à ce point insupportable, qu'il ne pouvait dire le Credo sans l'édulcorer avec une formule de son cru : « Je crois en Dieu tout-puissant d'amour » !
Non, Dieu est tout-puissant !

 

Et c'est à cause de cette toute-puissance, que je ne cesse d'admirer la délicatesse de celui qui a accepté d'assumer la fragilité humaine et de la connaître jusqu'à l'abaissement le plus total : l'humiliation de la croix. L'échec apparent du Christ nous révèle la puissance de Dieu qui n'a rien à voir avec celle du monde, c'est une des raisons de l'équivoque dont je viens de parler.

 

La toute-puissance de Dieu – à nous qui avons tant de mal à concevoir le pouvoir autrement que dans une certaine forme de violence – nous paraît encore être battue en brèche dans les limites qu'il a voulu se fixer : celles de notre liberté. Dieu peut nous contraindre, il en a la puissance mais il ne l'a pas voulu : il ne nous sauvera pas sans nous, car il a voulu faire place à la liberté de notre amour et ne veut pas faire de nous de simples marionnettes.

 

Cette toute-puissance, plus douloureusement encore, nous échappe devant le mystère de la souffrance innocente : Dieu ne peut-il donc rien faire ? Sa puissance n'a rien d'arbitraire et nous ne pouvons mettre l'épreuve du mal au compte des caprices d'un Dieu qui se jouerait de nous ou nous ignorerait. Il faut bien reconnaître là que nous ne mesurons l'échelle du bien et du mal qu'à la perception limitée que nous pouvons en avoir, si grande soit la souffrance : nous sommes donc invités à l'humilité. Par ailleurs l'expérience du Christ est là pour nous dire que Dieu ne se détourne pas de la souffrance et de l'injustice mais qu'il l'habite, il nous suggère que le mal a des racines et des prolongements qui vont bien au-delà de la simple conséquence mécanique, mais qu'au terme, il nous délivrera, nous qui lui avons tenu la main dans la foi, et qu'avec lui nous vaincrons.