Jésus tombe pour la première fois

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MÉDITATION

L'homme est tombé et tombe toujours de nouveau : combien de fois n'est-il que la caricature de lui-même, et non plus l'image de Dieu, tournant ainsi en dérision le Créateur? N'est-il pas l'image de l'homme par excellence celui qui, descendant de Jérusalem à Jéricho, fut attaqué par les brigands qui le dépouillèrent et le laissèrent à moitié mort, ensanglanté au bord du chemin ! La chute de Jésus sous la croix n'est pas seulement la chute de l'homme Jésus déjà épuisé par la flagellation. Ici apparaît quelque chose de plus profond, comme dit Paul dans la lettre aux Philippiens : «Lui qui était dans la condition de Dieu, il n'a pas jugé bon de revendiquer son droit d'être traité à l'égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes ... il s'est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu'à mourir, et à mourir sur une croix» (Ph 2, 6-8). Dans la chute de Jésus sous le poids de la croix, apparaît tout son parcours : son abaissement volontaire pour ôter notre orgueil. Et en même temps apparaît la nature de notre orgueil: l'arrogance avec laquelle nous voulons nous émanciper de Dieu et n'être rien d'autre que nous-mêmes, l'arrogance avec laquelle nous croyons ne pas avoir besoin de l'amour éternel, mais avec laquelle nous voulons maîtriser notre vie tout seuls. Dans cette rébellion contre la vérité, dans cette tentative d'être nous-mêmes des dieux, d'être créateurs et juges de nous-mêmes, nous tombons et nous finissons par nous détruire nous-mêmes. L'abaissement de Jésus est le dépassement de notre orgueil: par son abaissement, il nous relève. Laissons-le nous relever. Dépouillons-nous de notre autosuffisance, de notre envie erronée d'autonomie et, au contraire, apprenons de lui, de lui qui s'est abaissé, à trouver notre véritable grandeur, en nous abaissant et en nous tournant vers Dieu et vers nos frères humiliés.

DEUXIÈME STATION QUATRIÈME STATION

 

PRIÈRE

Seigneur Jésus, le poids de la croix t'a fait tomber à terre. Le poids de notre péché, le poids de notre orgueil t'a terrassé. Mais ta chute n'est pas le signe d'un destin hostile, elle n'est pas la pure et simple faiblesse de celui qui est outragé. Tu as voulu venir à nous, nous qui, en raison de notre orgueil, gisons à terre. L'orgueil qui nous fait penser que nous avons la capacité de produire l'homme a contribué à ce que les hommes soient devenus une sorte de marchandise, pouvant s'acheter et se vendre, tel un réservoir de matériaux pour nos expérimentations, grâce auxquelles nous espérons vaincre la mort par nous-mêmes, alors qu'en vérité, nous ne faisons rien d'autre qu'humilier toujours plus profondément la dignité de l'homme. Seigneur, aide-nous parce que nous sommes tombés. Aide-nous à abandonner notre orgueil destructeur, en apprenant, par ton humilité, à nous relever de nouveau.